La K-pop est bien plus qu’un simple genre musical. Elle repose sur un mélange d’éléments artistiques : le chant, la danse, des mélodies accrocheuses et des paroles profondes. Mais au-delà de la musique, les vidéoclips jouent un rôle essentiel en proposant des mises en scène élaborées et des références culturelles qui enrichissent l’expérience visuelle des spectateurs. Certains groupes n’hésitent donc pas à emprunter directement au cinéma pour façonner l’univers de leurs clips. De F*ck My Life de Seventeen, qui réinterprète The Truman Show, à Ice on My Teeth d’Ateez, inspiré par l’esthétique de Peaky Blinders, en passant par Queencard de (G)I-DLE – qui reprend le dance-off de White Chicks – , et What is Love? de TWICE ( qui seront toutes les deux traitées ultérieurement ), ces clips intègrent des références cinématographiques marquantes pour renforcer l’émotion et la narration. Nous verrons aujourd’hui comment des boy groups comme Seventeen et Ateez réinterprètent des références cinématographiques pour donner une dimension plus riche à leurs clips et renforcer l’impact émotionnel de leurs chansons.
Seventeen – F*ck My Life, un hommage à The Truman Show
Un texte qui parle d’aliénation et de quête de liberté
Avant d’aborder les références au cinéma, intéressons-nous aux paroles de F*ck My Life. La chanson exprime un profond sentiment de frustration et d’oppression face à la société. Elle parle d’un monde où l’on se sent constamment observé, jugé et contrôlé, où toute tentative de sortir du moule est perçue comme une anomalie.
Le texte évoque également une quête de liberté et d’identité, une envie de briser les chaînes d’un quotidien pesant et d’échapper à un destin imposé. Comme le dit Wonwoo dans la chanson :
« 집에 돌아가는 길에 울컥 울고 싶어 계속«
(On my way back home I get chocked up. Keep feeling like crying.)
Cette envie de fuir une existence préconçue et d’échapper à un monde artificiel fait immédiatement penser au film The Truman Show (1998), réalisé par Peter Weir et mettant en vedette Jim Carrey.
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Le parallèle avec The Truman Show
Dans The Truman Show, le personnage principal, Truman Burbank, vit dans une ville parfaite où chaque aspect de sa vie est orchestré et surveillé sans qu’il ne le sache. Sa routine est filmée en permanence et diffusée à une audience mondiale, tandis que tous ceux qui l’entourent sont des acteurs suivant un scénario. Peu à peu, Truman découvre la supercherie : des projecteurs qui tombent du ciel, une météo contrôlée, des coïncidences étranges… Il finit par comprendre que sa vie n’est qu’un immense mensonge et qu’il doit s’en échapper.
Le clip de F*ck My Life reprend cette idée d’un monde étouffant, surveillé et manipulé, où les membres de Seventeen sont prisonniers d’une réalité qui leur échappe. Plusieurs scènes du clip rappellent directement des moments clés du film :
- Wonwoo sous la pluie : dans le clip, Wonwoo attend à un arrêt de bus, restant sec tandis que la pluie tombe juste à côté de lui sans l’éclabousser. Cela fait écho à une scène culte du film où Truman, assis près de l’eau, réalise que la pluie ne tombe que sur lui preuve que son monde est contrôlé.
- Seungkwan observé au bureau : le sentiment d’être épié et manipulé se retrouve dans la scène où Seungkwan est filmé au travail par des caméras, rappelant la façon dont Truman est surveillé en permanence. On retrouve également un moment où il se cache derrière un poteau, évoquant la scène où Truman se cache derrière un lampadaire alors qu’il commence à comprendre ce qui lui arrive.
- La scène finale au bord de la mer : Tous les membres rejoignent Jeong-han et S.Coups alors au bord de la mer pour embarquer et fuir cet univers oppressant. Ce qui n’est pas sans rappeller le moment où Truman, malgré sa peur de l’eau, tente de s’échapper en bateau, affrontant une mer déchaînée mise en scène par le créateur du show pour l’empêcher de partir.


Un message d’émancipation
Tout comme The Truman Show, F*ck My Life met en scène un protagoniste qui prend conscience de sa condition et cherche à s’émanciper. Le clip et les paroles nous rappellent que, même lorsque l’on se sent piégé, il existe toujours un moyen de s’échapper et de reprendre le contrôle de sa vie.
Le choix de cette référence cinématographique renforce la portée du message du groupe. Ce n’est pas juste un clin d’œil esthétique : c’est une manière d’ajouter une dimension plus profonde à leur chanson, permettant aux spectateurs de s’identifier aux émotions qu’elle véhicule.
Plongée dans l’univers de Peaky Blinders avec Ice On My Teeth
Rien que par le choix vestimentaire du clip, on comprend immédiatement où les membres d’Ateez souhaitent nous emmener. Bien qu’Ice On My Teeth ne reprenne pas directement des scènes de la série Netflix, Peaky Blinders, leur look et la scénographie ne laissent pas de doute.
L’esthétique des gangsters britanniques
Avec leurs longs manteaux, leurs casquettes à l’anglaise, leurs gants et leurs parures, les membres du groupe adoptent un style emblématique des gangsters britanniques des années 1920-1930. Peaky Blinders, une série britannique acclamée, suit les aventures de la famille Shelby et plonge dans l’univers tumultueux des gangs de Birmingham après la Première Guerre mondiale. Le style distinctif de la série, caractérisé par des costumes élégants et une atmosphère sombre, est parfaitement retranscrit par Ateez dans ce MV. L’univers du clip est marqué par une ambiance brumeuse, des lumières tamisées et une dominance de tons chauds (rouge, brun, or), qui se mêlent à des éclats de blanc froid, évoquant à la fois le monde du crime organisé et les clubs clandestins.
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Des paroles qui font écho à cet univers
Cette atmosphère s’accorde parfaitement avec les paroles prononcées par Mingi :
« 손목에 걸친 롤리 목에 두른 아이스에
무거워 툭 떨어지는 Make it rain yeah
이름에 선을 그어 챙겨 원 And $
세계에 뿌려 놨어
얼굴이 박힌 다이아몬드 »
« Rollie on my wrist, ice on my neck
Heavy and dripping down, make it rain yeah
Draw a line on the name and take the won(₩) and dollars($)
I’ve scattered diamonds with my face engraved on them
All over the world »
Elles illustrent une vision flamboyante de la réussite, où le bling-bling devient le symbole de leur conquête dans l’industrie musicale, que ce soit en Corée ou à l’international – avec cette mention de dollars – . Les références à la Rolex et aux diamants renforcent l’idée que ce succès s’exprime également à travers leur style. Le texte s’intègre harmonieusement à l’esthétique du clip, créant une expérience immersive qui souligne à quel point l’image et le message sont intimement liés.
Références au cinéma
Que dire de cette scène où des hommes encagoulés embrassent la bague de Mingi, une allusion qui fait écho au film Le Parrain (ou à Zootopia pour ceux qui reconnaîtront la référence) ? Ce classique du cinéma, réalisé par Francis Ford Coppola, suit la saga de la famille Corleone, une dynastie de la mafia italo-américaine. Le film explore des thèmes tels que le pouvoir, la loyauté et la trahison, renforçant ainsi l’atmosphère de gangster présente dans le clip.
Seonghwa est assis sur une voiture posée sur une table, entouré d’hommes cagoulés, dégageant l’aura d’un roi, d’un baron de la mafia, qui règne en maître grâce à son pouvoir. La scène finale du clip, quant à elle, rappelle une photo de famille mafieuse, accentuant encore davantage cette impression de puissance et de richesse.


Images tirées du clip d’Ateez et affiche de promotion de la série Peaky Blinders
En choisissant de puiser dans le septième art pour réaliser leurs clips, des groupes de K-pop comme Seventeen et Ateez enrichissent non seulement leur storytelling, mais établissent également un lien profond entre leur musique et des univers narratifs qui résonnent avec leurs fans, transformant chaque clip en une œuvre d’art immersive. Alors, quelle œuvre cinématographique aimeriez-vous voir apparaître dans de futurs clips de K-pop ?


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